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Ellie, juste Ellie.
2 septembre 2012

Pourquoi j'ai fait une dépression ?

cercle-vicieux depressionVoilà. Je vous présente ma vie pendant quatre ans.

 

 

 

Je ne sais pas si j'ai vraiment fait une dépression. J'ai fouillé internet, fait le test de Beck des centaines de fois, et chaque fois, la réalité me rattrapait : cela ne pouvait être que la dépression. Le test me classait même dans la catégorie dépression sévère.
Quand est-ce que tout cela a commencé ?

A la fin de mon année de troisième, je pense. Je venais de perdre définitivement mon premier amour, celui qui illuminait mes journées sans même le savoir. J'avais passé l'été au lit, à pleurer, à dire que la vie c'est nul. Aujourd'hui, je me rends compte que cette histoire a été le déclencheur de ma fulgurante chute morale. Mais pas la cause générale.

Après cet été de déprime, je suis entrée au lycée. A ce moment-là, j'ai changé du tout au tout. Moi qui étais si joyeuse avant, qui avais toujours une blague débile à balancer, j'étais devenue triste et ennuyeuse. Durant toute l'année, j’exécutais mes journées comme un robot, je ne voyais personne, et je repoussais tout être humain qui aurait voulu me faire sortir de chez moi. J'ai survécu comme ça un an, et je me disais que cette déprime, cette sensation d'être vide, finirait bien par passer. L'année suivante, j'ai rencontré mon petit-ami. C'est à ce moment-là que ma dépression est passé d'un mode « passif » à un mode « actif ». Pourquoi ? A force de resté cloîtrée chez moi, je ne savais pas comment marchait la vie. Je pensais que c'était comme dans les films. Je pensais que le romantisme était une réalité. Quelques temps après m'être mise en couple avec lui, je me suis rendue compte de la triste vérité : la vie, ce n'est pas un film. Oui, mon copain trouvait Megan Fox bonne, non mon copain ne me caressait pas les cheveux en me disant à quel point j'étais belle, non mon copain ne me faisait aucune déclaration enflammée à la première réconciliation, oui on s'engueulait, on boudait, et cela ne se terminait jamais de manière aussi belle et dramatique qu'au cinéma. J'étais idiote, naïve, et cette relation m'attristait. Pas à cause de mon copain ou de notre couple, mais à cause de tout ce que je m'étais imaginée, dans mon cœur d'adolescente. La réalité n'arrivait pas à la hauteur de mes rêves passés.

J'ai eu une période de crise. Elle a duré environ quatre mois.
Pendant ces quatre mois, je suis devenue une autre personne. J'avais constamment l'impression d'avoir un nuage noir au dessus de ma tête, qui me suivait partout où j'allais. Je pleurais pour rien. Moi qui étais d'habitude si calme, j'étais capable de péter des câbles monstrueux, de hurler, de jeter la moitié de ma chambre contre le mur, pour des raisons insignifiantes. Je prenais tous les soirs une sacrée dose d'antidépresseur, qui m'était normalement prescrit pour mes migraines. Cela m'abrutissait tellement que je me sentais morte, et j'aimais ça. J'avais l'impression que personne ne m'aimait, que je n'étais qu'une pauvre merde. J'avais des douleurs au ventre en permanence. Parfois, alors que mon petit-ami me parlait, il suffisait qu'un mot ne me plaise pas, et je me recroquevillais dans ma coquille. Je ne bougeais plus, je ne parlais plus. Je n'existais plus. Il avait beau hurler, me traiter de gamine, me dire que j'étais vraiment une sale chieuse de boudeuse, je n'arrivais pas à prononcer un mot. J'étais une coquille vide.

J'ai réussi à remonter la pente. Mais tellement peu de temps... Lors de mon entrée en Terminale, j'ai appris que mon copain m'avait trahie avec la personne que je considérais comme ma meilleure amie. Je la connaissais depuis le collège.
Je considérais qu'il m'avait trompée. J'étais abattue. Tout le monde le savait depuis plusieurs mois, sauf moi. Mes angoisses passées sont revenues : je me sentais plus bas que terre, j'avais confirmation que personne ne m'aimait, que tout le monde s'en carrait complètement de moi. J'ai détesté mon amie de m'avoir fait ça, et je l'ai bien fait savoir. Moi qui n'avais jamais été méchante avec personne, je pensais qu'on me soutiendrait. A la place de cela, j'ai vu les regards changer. J'ai vu les gens me déshabiller du regard en se moquant de moi, en me jetant des éclairs haineux. J'étais au courant de toutes les insultes cruelles qu'ils m'adressaient dans mon dos. Si je n'allais déjà pas bien, cela a achevé de me tuer. Je n'avais plus envie de vivre.

Après cela, j’ai été dans une sorte de bulle. Une mauvaise bulle, pas le genre de bulle dans lequel on se coupe du monde pour voir du rose partout. Le genre de bulle dont chaque recoin nous paraît mortel, effrayant, et dont on ne peut pas s’échapper.

Je voyais une psychologue depuis trois ans déjà. Je n'avais jamais pleuré devant elle : que ça soit quand mon père avait fait une crise d'hystérie pour cause de dépression, ou quand mon premier amour était parti ; jamais. Et là, pour la première fois, avant même d'avoir prononcé un mot, j'ai pleuré. La seule chose que j'ai réussi à dire, c'est « je comprends pas pourquoi tout le monde me déteste et m'insulte, je suis juste une personne qui souffre ». Elle n'a rien su me dire. Et moi, j'ai pleuré.

J'ai envoyé des signaux d'alarme à mes parents, à mon copain. Personne ne comprenait que j'allais vraiment mal. Une jeune fille qui va vraiment mal, on se dit que c'est juste l'adolescence qui la travaille. Moi, ça faisait trois ans que je n'avais plus aucun plaisir à vivre. Que que je descendais un peu plus bas à chaque merde qui m'arrivait. Que j'étais seule dans mon malheur. Que personne ne m'aidait. Un jour, j'ai osé dire à mon copain « Je ne vais vraiment pas bien, je ne comprends pas, je suis tout le temps triste, j'ai l'impression que je vais mourir de douleur à chaque fois que je suis triste. J'ai besoin de me faire soigner. ». Persuadé que je n'étais qu'une gamine qui n'a rien compris à la vie et qui est incapable de retenir ses émotions, il m'a juste répondu : « il n'y a pas de médicaments contre la connerie ».

Depuis ce jour, je me suis démerdée seule. Au début, forcément, ça n'allait pas mieux.
J'avais peur d'aller au lycée. Je sentais les regards méchants, moqueurs. Je voulais creuser un trou sous terre, et vivre dedans pour toujours. Ou mourir dedans. Je n'avais plus rien de la joyeuse adolescente que j'étais quelques années auparavant.

Même lorsque l'histoire avec mon copain et mon ex-amie a commencé à passer au dessus de ma tête, j'allais toujours aussi mal. C'était comme une maladie qui s'était ancrée en moi, et qui refusait de s'en aller.

D'un instant à l'autre, je pouvais faire des crises. Ces crises tellement douloureuses sur le moment, ces crises dans lesquelles je ne me reconnais pas quand j’y repense, et dont je sais pourtant qu’elles peuvent survenir à tout moment, dans cinq minutes peut-être. Je me tordais sur moi-même, j’avais mal partout, j’avais l’impression qu’un monstre se déchaînait en moi. Ce monstre voulait sortir, s’échapper, se libérer, mais bien sûr, c’était impossible, parce que ce monstre, c’était moi. Je ne pouvais pas me quitter, me dédoubler. J’avais un monstre à l’intérieur, il faisait partie de moi, et je ne pouvais pas m’amputer de cette pièce de mon être. Ce n’était pas faute de le vouloir.

Je ne sais pas ce que c’était. On me parlait d’émotivité. De susceptibilité. De gaminerie. De jeunesse. Même de bêtise. Et moi, je ne savais pas, parce que je n'étais pas plus objective que mes proches. Personne autour de moi n’était objectif. Je n’ai personne qui un jour s'est résolu à dire que je n'étais pas juste grincheuse, garce ou idéaliste, mais juste mal. Mal. Mal de partout.

Cette douleur, en rapport avec ce qui m'est arrivée en Terminale, n'est jamais partie. La réaction cruelle et ignorante des moutons qui me servaient de camarade m'a fait perdre toute foi en les rapports humains. D'ailleurs, depuis cet instant, je n'ai plus jamais eu de « nouveaux amis ». Je pensais toujours que les gens qui m'adressaient la parole étaient capables du pire, si je les laissais m'atteindre.

Lorsque je suis entrée à la fac, je vous ai déjà raconté comme mon moral n'avait rien d'un champ de tulipes. Chaque jour où je me levais pour aller passer ma journée seule à écouter des cours qui ne m'intéressaient pour faire un métier qui ne me tentait guère, je perdais un peu plus d'énergie. Je le faisais pour rendre mes parents fiers, et au lieu de ça, ils me voyaient comme une gamine de mauvaise foi et sans motivation, car ils savaient que je ne le faisais pas pour moi. Lorsque je pensais à mon avenir, je ne voyais rien. Aucun métier, aucun ami, aucun bonheur. J'avais l'impression d'être dans une voie sans issue. Depuis le lycée, mon moral n'était jamais remonté, et j'avais au moins eu l'espoir qu'il ne descende jamais plus bas. Mauvaise pioche. Chaque matin, je passais au dessus de la Seine en train, et il m'arrivait d'avoir envie de sauter. Je ne voulais pas mourir, je voulais juste arrêter de ressentir. Je voulais arrêter d'avoir mal. Et cela me semblait être la seule solution à ma vie sans intérêt et sans but, jonchée de conneries, d'échecs et de phases dépressives.

Depuis que j'ai osé arrêter la fac, et que je me suis fixée un autre projet professionnel, je vais un peu mieux. Malheureusement, il arrive toujours que mes nerfs lâchent complètement pour des futilités, et que mes réactions soient disproportionnées aux yeux de certains. Il m'arrive encore de me sentir molle comme du chewing-gum, complètement dépourvue de motivation et d'envie de vivre.

Ce que je retiens de ces quatre années de douleur morale permanente, c'est le manque de soutien auquel je me suis cognée. Mon père a fait une crise d'hystérie : on lui a diagnostiqué une dépression. J'en ai fait pleins, je me suis repliée sur moi-même, j'ai pleuré maintes fois pour des choses que les gens voyaient comme peu importantes, j'ai dit régulièrement à quel point j'étais fatiguée, et déprimée. Tout le monde a juste dit que ça me passerait, que c'était l'adolescence.

Et là, je me demande. La dépression est-elle une maladie d'adulte ? N'y a-t-il que les gens qu'on voit comme des adultes, que l'on autorise à être malades ? Moi qui étais jeune, je n'avais donc pas le droit d'aller réellement mal ?

Lorsque quelqu'un va mal, aidez-le. Ne vous dites pas que c'est une mauviette qui prend la mouche pour un rien. Il est possible que cette personne aille réellement mal, et qu'elle ait déjà eu envie de mourir.

Aujourd'hui, je suis fière d'être toujours en vie, et de réussir à sourire, alors que j'ai souffert pendant plusieurs années en supportant l'incompréhension, l'indifférence et même la méchanceté de mes proches à mon égard.

Je dis COURAGE à tous ceux qui se sentent mals. Vous n'êtes pas seuls. Vous pouvez, avec vous-même, arriver à poursuivre votre vie. J'ai mis quatre ans à remonter un peu la pente, alors même si c'est long, ce n'est pas du domaine de l'impossible.

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Commentaires
A
J'ai eu pareil en pire j'ai l'impression, ce qui me sauve un peu de jour en jour sait la volonté de devenir un sage en me renseigner sur le christianisme et le boudhisme.écouter des mantras peut détendre l'esprit.voila bye
J
Ton texte est très touchant, moi je suis en plein dedans et ne sais comment m'en sortir...
J
Bonjour, ça devait être affreusement pénible à vivre, et t'as eu de la chance car maintenant tu t'en es sortie. <br /> <br /> Je suis avec un garçon depuis 6mois et tout sa passait bien entre nous, on avait pas de problème de couple et tout allait pour le mieux, jusqu'à ce qu'un jour...je ressenti qu'il était mon attentif et beaucoup plus distant qu'avant, quand j'ai cherché à comprendre il m'a avoué qu'il avait des problèmes de famille qu'il en avait marre de cette vie en la qualifiant de "pourrie", et il m'a aussi dit que personne ne pouvait l'aider, puis après ne m'a plus rappelé. Son meilleur ami lui m'a appelé quelques jours après pour me demander si je savais quelques choses à propos de son comportement, car avec ses amis aussi il est devenu agressif, chez lui aussi avec sa mère il disait "Je n'ai pas ma place dans cette vie..." et à son pote, il a dit qu'il avait des problèmes et que la seule solution pour lui c'était de mourir, il se dévalorisait à un point inimaginable... Ce sont les symptômes d'une dépression...:'( <br /> <br /> Le pire dans tout ça, c'est qu'il fait en sorte aujourd'hui qu'il va bien avec les gens, et avec ses parents aussi, moi il ne me parle pas, c'est moi qui lui envoie des messages, et il ne répond à part une fois il m'a écrit : "Je t'aime :( " . Je ne sais pas quoi faire, il refuse toute aide et ne veux même pas montrer aux gens qu'il va mal, j'ai peur pour lui, j'ai peur pour notre couple et j'ai envie de l'aider... Dis-moi, toi qui est déjà passé par là, tu aurais aimé qu'on te fasse quoi pour que tu te sentes mieux? tu aurais voulu quoi? Dans un cas pareil, comment aurait été ta réaction si ton ami te conseille d'aller voir un psy?
R
Est ce que quelqu un sait differencier les coups de blues d'ado a une depression? <br /> <br /> Car ca fait quelques moi que j ai l impression detre vide et de ne rien ressentir et le soir je pleure souvent mais je ne veut pas en parler , les gens autour de moi me voient comme une fille joyeuse et intelligente qui rigole tout le temps
M
Salut à celle qui a envoyé ceci.<br /> <br /> Je voulais te dire que c'est le plus beaucoup texte que je n'ai jamais vu. <br /> <br /> Parce que je le comprends.<br /> <br /> Tous ce que tu as dit, je le ressent aussi, et je suis beaucoup plus jeune que toi et je ne me suis pas encore sortie. <br /> <br /> Les dépressifs sont des incompris. Comme les artistes. Sauf que les artistes n'ont besoin que du plume pour écrire. <br /> <br /> Encore bravo pour écrire ça, et je te souhaite le meilleur,<br /> <br /> <br /> <br /> M.
Ellie, juste Ellie.
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