Pourquoi je ne suis pas nymphomane ?
Pourquoi ce titre d'abord ? Tout simplement, d'après l'homme qui partage ma vie, je suis une nymphomane. Ca pourrait être dit une ou deux fois sur le ton de plaisanterie... Mais non. Il est sérieux. Cela sonne presque comme une insulte, dans sa bouche.
Pourquoi je me retrouve affublée de cet adjectif ?
Parce que j'ai envie de faire l'amour avec lui 3 fois par semaine, parfois plus. Voilà.
Au début, je me suis demandée si je n'étais pas anormale, à avoir tout le temps envie de sexe alors que j'étais une fille. Je m'interrogeais très sérieusement. Et puis j'ai fini par comprendre que le problème ne venait pas de moi, mais de l'image que l'on a de la sexualité féminine.
Et là, je dis MINCE.
Alors, globalement, lorsqu'un homme veut faire l'amour, au point d'être insistant, ça n'est qu'un homme, ils sont comme ça après tout. Si moi, une femme, ose montrer du désir plus d'une fois par semaine, si j'ose avoir envie de faire l'amour, pour de vrai, et pas cinq minutes à la va-vite dans la même position ennuyeuse que les cinq fois précédentes, je suis une nymphomane. Je cherche du plaisir, on me rend une baffe. Merci.
Lorsque mon copain avait envie, au début, que je lui offre ma virginité alors que je n'étais pas prête, lorsqu'il se montrait insistant, à cet instant là le sexe c'était vraiment trop important, il fallait que je le comprenne, sans ça nous n'étions pas un couple. A présent que nous pourrions être sur la même longueur d'onde, fini, terminé !
Pourquoi ? Baisse de libido ? Serais-je devenue un énorme dinosaure repoussant en l'espace de quelques mois ? Non.
Ma seule erreur a été de prendre des initiatives. En fait, pour ces hommes, nous sommes des castratrices. Ils pourraient nous voir comme des bons coups, mais l'égo reprend le dessus. J'en ai eu la preuve flagrante, un matin où je suis arrivée chez mon copain. Plusieurs fois, il m'a dit "j'ai envie de te baiser" avec de petits regards coquins. Je l'ai pris à la rigolade, m'octroyant même le droit de plaisanter "Tu peux rêver, tu verras ce que ça fait de te faire repousser !" Je ne l'ai même pas pris au sérieux, tellement je ne suis pas habituée à ce qu'il prenne les devants et me désire réellement. Le soir, lorsque nous avons décidé de faire nos petites affaires... Panne sèche. J'ai eu beau faire tout ce qui était possible et inimaginable, ça ne voulait pas. Et à cet instant-là, j'ai cru vouloir devenir sourde... "Oui, en même temps ce matin je t'ai dit que je voulais te baiser et tu m'as rembarré, c'est normal que ça m'ait coupé, c'est de ta faute". MON DIEU. MON DIEU. Ma machoîre a touché le sol dans un bruit retentissant. Premièrement, j'ai le droit, une fois par an, de lui faire ce qu'il me fait sans arrêt, c'est à dire repousser ses avances, sans me prendre quelques heures plus tard un reproche aussi inattendu que mal placé pour justifier son pénis tout mou. Deuxièmement : si le fait d'être repoussé lorsqu'il fait le premier pas engendre une telle réaction, que dois-je en penser ? Que je serai privée de sexe dès que j'oserais ne pas obéir au mâle ? Pour me punir d'avoir tant envie, et paradoxalement de ne pas avoir voulu de lui à la minute où il a exigé de baiser ?
J'ose le dire : j'aime baiser, et je ne suis pas une nymphomane. Pour preuve, si j'étais si nymphomane que cela, depuis trois ans que je suis avec lui, que je me cogne à un mur 4 fois sur 5 lorsque je glisse "j'ai envie de toi...", que je pleure parfois devant des vidéos de cul tellement ça a l'air passionnant et passionnel à côté de mes propres ébats, que je fais des propositions pour pimenter un peu tout cela et que je me prends des "non, on fait comme d'habitude" dans la face... Si j'étais si nymphomane que cela, après trois ans à subir cela, alors que j'aime le sexe, la nouveauté, le plaisir charnel, j'aurais déjà été tâté amoureusement le gazon d'à côté. Mais je ne l'ai pas fait. Une nymphomane, une vraie, l'aurait fait depuis longtemps.
Serais-je donc simplement amoureuse ? L'amour chez la femme est-il en réalité de la nymphomanie ? Non. C'est de voir que nous pouvons nous comporter comme eux qui les rend débiles, tout simplement.
Je suis très amoureuse de mon copain, mais je le dis honnêtement : j'en ai ras la casquette d'être traitée de nymphomane dès que j'ose me plaindre de n'avoir fait l'amour qu'une fois dans la semaine, j'en ai ras la casquette d'être catégorisée comme une obsédée si j'ai envie que ça dure plus de 30 minutes, j'en ai marre d'être vue comme une anormale alors que je suis simplement une humaine avec des envies. J'en ai marre que vouloir coucher avec UN homme fasse de moi une chieuse qui ne le respecte pas, alors que monsieur a baisé 27 nanas et qu'il est juste un "homme à conquêtes".
Soyons clairs : en fait, ceux qui pensent comme lui, allez voir en Chine si j'y suis, et si j'y suis pas, ne revenez pas. Faites vous manger par des nem's, et qu'on en parle plus.